• Pour lire la version originale du jugement de cette cause, vous pouvez consulter le document public de la Cour des Petites Créances sur le site http://citoyens.soquij.qc.ca sous la rubrique «Martine Guillemette vs Centre dentaire Matthieu Ménard inc.».

  • Ou sinon cliquez ici pour la version intégrale en PDF.

  • et pour une version plus fruste, en voici quelques faits saillants

    (avec mises à jour très intéressantes)




  • Longueuil, le jeudi 28 mars 2019

    Durant le dernier temps des Fêtes, j’ai eu l’incommensurable fortune d’accueillir un dentiste à ma table. Un monsieur, ami d’une amie, dont je tairai le nom afin qu’il ne subisse pas de représailles de la part de ses pairs.

     

    - Monsieur le dentiste, je vous avouerais que c’est avec un plaisir peu contenu que je vous accueille chez moi. Je vous sers un peu plus de vin?

    - Avec joie!

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    - Monsieur, lui dis-je tout en remplissant son verre, c’est sans ambages et tout de go que j’aimerais vous dire, comme ça, que l’un de vos confrères m’a arraché la mauvaise dent il y a un peu plus de trois ans.

    - Ah bon?

    - Oui. J’ai dû faire appel à la justice pour obtenir réparation, mais j’ai perdu ma cause faute de preuves.

    - Ah ça c’est certain que, pour tout ce qui concerne la dentisterie, tout est extrêmement difficile à prouver… Qu’est-ce qui s’est passé au juste?

    - Eh bien, je suis heureuse que vous me le demandiez. Je vous épargnerai les détails, mais en gros voilà mon histoire...

     

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    LA RAGe DE DENT

    En août 2015, alors que je regardais tranquillement la télé en compagnie d’une boîte de Turtles, c’est en croquant dans l’une de mes friandises que j’ai ressenti comme un choc électrique sur une prémolaire. Une douleur fulgurante que jai virtuellement ressentie jusqu’à la racine des cheveux. Puis, fatalement, le tout s’est mis à horriblement me lancer. Or comme j’avais déjà eu affaire à ce qu’on appelle une «rage de dents» auparavant, je savais d’ores et déjà très bien ce qui m’attendait. J’ai donc pris rendez-vous au Centre dentaire Matthieu Ménard, juste ici à côté de chez moi sur l'Avenue Victoria à Greenfield Park.

     

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    UN SURPRENANT DIAGNOSTIC

    Une fois arrivée à mon rendez-vous, monsieur Ménard m’a fait prendre des radiographies par son assistante, Marie-Lyne Thibeault Duplessis, et après les avoir examinées, il établit que le problème émanait de la dent 14 qui présentait une carie. M'affirmant que mon cas ne semblait pas si grave, il ajoute que ma dent pouvait probablement être sauvée. J’étais très sceptique parce que la douleur était vraiment très intense et persistante et que, par le passé, mon ancien dentiste m’avait dèjà dit qu’à ce stade avancé de la pulpite, il n’y avait rien d’autre à faire qu’un traitement de canal ou une extraction. Mais comme il se montrait insistant, j’ai bien voulu croire que ma dent pouvait bel et bien être guérie.

    C’était lui le dentiste après tout...

    Nous avons donc convenu d’un rendez-vous pour un simple «plombage» (ou un «amalgame» comme on dit maintenant) dans les jours suivants.

    Cependant ce soir-là, ma douleur a continué à évoluer et a fini par gagner tout le côté droit de mon visage, si bien qu’à force d’enfler, en fin de soirée, j’avais un oeil complètement tuméfié. Honnêtement j’avais l’air d’un monstre et je ne vous parle pas de la douleur, qui était absolument insoutenable.

     

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    UNE SURPRENANTE EXTRACTION

    Après une nuit blanche à me lamenter et à me faire des bains de bouche aux demi-heures, le lendemain matin, monsieur Ménard n’étant pas à sa clinique, c’est sa collègue Marie-Élaine Leduc qui m’a accueillie et qui m’a confirmé ce que je pensais: vu l'enflure de ma joue, il n’y avait plus rien à faire avec ma dent. Elle me prescrit alors des antibiotiques et quelques jours plus tard, je retourne la voir afin de procéder à l’extraction. Elle consulte mon dossier et extrait donc ma dent 14. Or une fois de retour chez moi, je me rends compte que la dent qu’on m’a extraite n’était pas celle qui me posait problème. On m’avait en fait retiré la dent qui se trouvait juste en avant de ma dent malade.

    J'aurais bien voulu que ce ne fut qu'un cauchemar, mais non, je ne rêvais pas. On m'avait bel et bien extrait la mauvaise dent.

    J'étais, vous le comprendrez, dans tous mes états, mais le plus affreux c'est que non seulement l’extraction de cette dent n’allait absolument rien changer à mon martyre, qui allait sans doute revenir une fois l'effet des antibiotiques passé, mais en plus, je ne pouvais plus sourire sans que ce trou ne passe inaperçu dans ma dentition. Blog Blog

     

    Pis encore! J’allais bien évidemment avoir à faire extraire AUSSI la dent qui me faisait vraiment mal et j’allais par conséquent me retrouver avec DEUX TROUS apparents lorsque je sourirais!

     

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    VIVRE CHAQUE JouR AVEC SON BoURREAU

    J’étais totalement anéantie.

    Là, vous ne le voyez pas parce que je porte une prothèse, mais je vous assure que le joli sourire que j’avais jadis n’est plus que l’ombre de lui-même. Je suis désormais affreusement édentée et il va sans dire qu’à chaque jour de ma vie, Matthieu Ménard vit littéralement à mes côtés. Je pense à lui chaque jour de ma vie. Chaque fois que je me regarde dans le miroir, au minimum trois fois par jour, notamment lorsque je me brosse les dents bien évidemment. Aucune journée ne passe sans que je ne puisse me rappeler de ce qu'il m'a fait subir.

     

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    Et ce qui est tout aussi désagréable que de me rappeler de ce monsieur lorsque je me brosse les dents, c'est que je pense aussi à lui à l'heure des repas. Parce que lorsque je ne porte pas ma prothèse, je me mords constamment la lèvre d’en bas lorsque je mange, ce qui me cause une lésion perpétuelle qui ne guérit en fait, jamais. Or me nourrir avec ce machin en bouche n’est pas plus simple. C’est très inconfortable et il y a constamment des particules de nourriture qui se logent entre cet appareil et mon palais et en plus, il pousse sur ma gencive lorsque je mastique et c’est très douloureux. Enfin bref, je vis un enfer en permanence et personne, personne à part moi-même, n’a subi de conséquences suite à ces errements, l’un médical et l’autre judiciaire.

    - Je vois… Oui, le système judiciaire n’est pas parfait… Le fait que ce soient les victimes qui portent le fardeau de la preuve ne joue pas souvent en leur faveur.

    - Exact.

    - Auriez-vous par hasard vos radiographies?

    - Bien sûr! Et j’ai même encore la dent qui me faisait mal, la 15, emballée et cachetée par l’Université de Montréal où j’ai finalement fait procéder à son extraction. C’est d’ailleurs à leur clinique dentaire qu’on a inscit à mon dossier - sans grande surprise- que cette dent était bel et bien dévitalisée. Morte de sa belle mort.

    - J’aimerais voir tout ça.

    - À la bonne heure.

     

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    ENFin UN DIAgNOSTIC LOGiQUE

    Je suis donc allée chercher mon volumineux dossier, rempli de preuves qui n’en étaient finalement pas aux yeux de la loi. Et mon précieux invité les a examinées.

    - Pour ce qui est des radiographies, difficile de dire si c’est la dent 14 ou la dent 15 qui a causé votre infection. On voit effectivement une carie sur la dent 14, mais selon moi, pas avancée au point de causer une pulpite. Par contre, bien que je ne vois pas de carie sur la radiographie de la dent 15, je constate que, sur la dent en tant que telle, vous aviez un vieux plombage? Vous me dites que c’est arrivée en croquant dans un chocolat Turtle? Les chocolats avec du caramel dur et des noix à l’intérieur?

    - Clairement. C’est sans aucun équivoque l’élément déclencheur.

    - Vous savez, je crois que ce qui est arrivé, c’est qu’en mordant dans votre chocolat, votre vieux plombage ne tenant plus, il s’est probablement enfoncé dans votre dent et il en a endommagé la pulpe. C’est ce qui expliquerait le choc électrique que vous avez ressenti à ce moment précis. Ça pourrait donc être bel et bien cette dent qui ait causé votre pulpite, et ce, bien qu’elle ne présentait aucune carie. Or comme la dent 14, elle, en présentait une, c’est ce qui aurait induit le dentiste en erreur sur les radiographies.

     

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    - Ah, je vois! Oui, voilà une explication qui se tient enfin!

    - L’Ordre des dentistes n’a pas fait d’enquête?

    - Si! Bien sûr que si! Mais l'Ordre a donné raison à Ménard qui soutenait que la douleur sur ma dent 15 était probablement due à une lésion endo-parodontale. Ses assureurs de la FARPODQ aussi ont témoigné en sa faveur par le biais du dentiste Jacques A. Boileau qui lui a servi de témoin expert en cour.

    - Oui évidemment... Or donc si je comprends bien, ni Matthieu Ménard, ni Marie-Élaine Leduc, ni l’Ordre des dentistes du Québec, ni Jacques Boileau de la FARPODQ n’ont soulevé la même hypothèse que moi après avoir vu cette dent-là?

    - Non. Ni non plus les étudiants de l’Université de Montréal, ni même leur professeur Pierre de Grandmont qui a supervisé les étudiants qui m’ont soignée. Pourtant ils ont tous suivi mon dossier et ils étaient au courant de ma mésaventure avec Matthieu Ménard.

    - Hum… Dans toute cette histoire-là, j’avouerais que c’est ça le plus inquiétant! Écoutez, vous passerez me voir, je vais voir comment je pourrais vous aider Martine.

    - Merci monsieur le dentiste! Vraiment ça serait très, très apprécié.

     

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    CONCluSION

    Alors c’était donc ça. Un vieux plombage qui aurait cédé sous le caramel dur d'un Turtle. Si évident et pourtant si étonnament invisible aux yeux de tous et chacun des nombreux «professionnels» qui m’ont examinée.

    À la lumière de ces informations, lesquelles ont enfin levé le voile sur cette période obscure et inexpliquée de ma vie, bien que ça ne changera rien au fait que je me suis bel et bien fait arracher une dent que je ne voulais pas me faire arracher par la Clinique dentaire Matthieu Ménard, que j’ai la plus sincère et intime conviction, plus que jamais, d'avoir été flouée par ce dentiste, par l'Ordre des dentistes du Québec, rouler dans la farine en cour par Jacques A Boileau de la FARPODQ ( Fonds d’assurance-responsabilité professionnelle de l’Ordre des dentistes du Québec ) et berner par l’ensemble des dentistes ( aguérris et en devenir ) de la clinique dentaire de l’Université de Montréal, je vous laisse le soin de juger par vous-mêmes de l’éthique des dentistes au Québec et de la qualité de notre système judiciaire.

     

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    - Autre petite question mon bon ami, et si je puis me permettre de vous importuner encore quelques secondes avant que nous passions au mets principal, voyez-vous, sur l’une de ces radiographies ou sur cette dent, la présence d’une lésion endo-parodontale?

    - Non… En fait, une lésion endo-parodontale, c’est pratiquement impossible à détecter sur des radiographies et encore moins sur une dent. Ce type de lésion requiert des examens beaucoup plus poussés afin d’en confirmer le diagnostic. Les dentistes sommes d’ailleurs toujours très prudents lorsque nous les émettons.

    - Et pourtant c’est sur cette hypothèse que Matthieu Ménard, que Jacques A Boileau, que l’Ordre des dentistes du Québec et que l’Université de Montréal se sont appuyés pour me tourner en bourrique devant la Cour. Et ça a fonctionné puisque la juge, Monique Dupuis, n’y a vu que du feu.

    - Je suis vraiment désolé de ce qui vous est arrivé Martine… tout cela est franchement bien triste, bien honteux et revient indubitablement à dire que notre système judiciare serait sans aucun doute à repenser, notamment en ce qui a trait au crédit accordé aux victimes.

    - C’est une évidence.. Enfin. Encore merci monsieur le dentiste. Et croyez-moi, je ne remercierai jamais assez le destin de vous avoir amené chez moi, vous n’avez pas idée.

    - Je vous en prie. N’oubliez pas de passer me voir en 2019. Sur ce, santé! Cette entrée était franchement savoureuse!

     

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